• Les similitudes entre le socialisme d'hier et d'aujourd'hui.

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    Le socialisme en chemise brune

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    « Le socialisme en chemise brune » (Collectif La Main Invisible – dV éditions) soutient une thèse audacieuse, voire controversée, portant sur la nature de l’idéologie nazie.

    Alors que la plupart des historiens de la période minorent son aspect « socialiste », son auteur, M. Benoît Malbranque, a reconsidéré cette composante en réexaminant les écrits, les discours et la pratique d’un des régimes les plus abominables du XXe siècle.

    Dans cette synthèse historique informée, B. Malbranque, qui ne cache pas de fortes convictions libérales, s’est attaché à étudier le nazisme depuis ses origines intellectuelles et politiques groupusculaires jusqu’à sa chute en 1945.

    Conscient de l’originalité de son entreprise, il a pris soin de répondre aux objections que sa thèse pourrait soulever, et tire de son enquête historique personnelle des conclusions sur la vie politique d’aujourd’hui.

    Des racines idéologiques socialistes

    M. Malbranque commence par restituer l’ambiance intellectuelle dans laquelle baignait Adolf Hitler quand il s’est présenté pour la première fois au Parti ouvrier allemand (DAP), qui deviendra par la suite le Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP).

    Dès 1919, l’identité socialiste et ouvrière du mouvement est revendiquée, que ce soit par ses fondateurs, par l’économiste du mouvement Gottfried Feder ou par l’action conjuguée des frères Strasser.

    Feder, qui signe en 1918 un très anticapitaliste Manifeste pour la destruction de la servitude de l’intérêt, va constituer la principale source d’inspiration économique pour le parti et sera considéré par Hitler comme un mentor.

    Le nationalisme proposé alors par le parti des travailleurs allemands se présente sous la plume des Drexler et des Goebbels comme un véritable socialisme débarrassé du marxisme et de ses « influences juives » supposées.

    L’hitlérisme ne serait pas un socialisme sans dimension révolutionnaire. De fait, l’ambition des cadres du NSDAP est de renverser l’ordre libéral de Weimar pour en établir un nouveau, que l’auteur n’hésite pas à rapprocher des expériences de révolution permanente communistes en Chine ou en Russie.

    Ce point précis le fait s’éloigner de la droite classique, considérée comme trop conservatrice et trop bourgeoise.

    Des keynésiens avant l’heure

    De plus, tout le long de son existence, Adolf Hitler a fait montre de son ignorance et de sa détestation de la science économique. B. Malbranque rappelle qu’il n’y avait pas d’ouvrage d’économie dans la bibliothèque privée du Chancelier allemand, et que la campagne du parti de 1932 se fit sur des thèmes copiés sur les partis social-démocrate et communiste, ce dont a témoigné Raymond Aron à l’époque en Allemagne.

    Sans abolir la propriété privée, le parti nazi a tout de même cherché à l’encadrer au maximum, dans un climat économique délétère. La répercussion de la crise économique de 1929 se fait sentir en Allemagne dès 1931, ce qui offre un contexte favorable au triomphe de l’extrémisme nazi.

    Si le socialisme est intellectuellement présent dès les premiers instants d’adhésion d’Adolf Hitler au parti en 1919, la question de la réalisation concrète de son programme économique ne se pose qu’une fois au pouvoir, c’est-à-dire en 1933.

    Afin d’élargir sa base électorale, Hitler avait adopté dès 1931 le « sofortprogramm », qui avait intégré au programme du parti nazi l’idée de relance économique par la dépense publique.

    Cette nouveauté était en tout point semblable à celle imaginée par  John Maynard Keynes, l’économiste qui est encore aujourd’hui la référence principale des partis socialistes et gouvernements socio-démocrates à travers le monde.

    De 1928 à 1935, les dépenses publiques augmentent de 70% et la dette atteint 10 milliards de reichsmarks.

    Toutes ces atteintes au marché par l’intervention de l’Etat finissent par sortir l’Etat national-socialiste hors de la sphère du capitalisme, contrairement aux affirmations de la quasi-totalité des livres et des manuels d’histoire sur le sujet.

    Plus encore, aux yeux de B. Malbranque, elles témoignent de son appartenance incontestable à la famille socialiste.

    L’Etat social-nationaliste

    Le système économique qui se met en place à partir des années 1930 donne donc naissance à un Etat kleptocrate dont la bureaucratie ne cessera d’entraver le bon développement et la croissance du pays.

    L’imposition ou encore la règlementation extrême du travail aboutissent à l’extrême cartellisation de l’économie. En effet, à force de poser des barrières aux échanges économiques, l’Etat national socialiste finit par favoriser la concentration de l’essentiel des échanges dans les mains d’une vingtaine de grandes entreprises.

    Comme le remarque B. Malbranque, l’intervention politique dans l’économie en temps de paix est sans précédent dans l’histoire. Seulement, à partir de 1938, l’Etat endetté a ruiné le pays, et la prédation des minorités et des nations européennes offre une alternative qui parait alors acceptable à la banqueroute totale.

    Nationalisme et antisémitisme

    Benoit Malbranque, ne se contente pas d’étudier ce que le nazisme a de socialiste. Il affirme aussi que le nazisme est essentiellement socialiste, et cela avant d’être un nationalisme ou un antisémitisme.

    Non seulement les caciques du parti ne font que reprocher au socialisme plus traditionnel son internationalisme, mais, Marx et ses disciples eux-mêmes ne sont pas univoques sur la question nationale.

    Marx comme Hitler critiquent le judaïsme comme consubstantiel au capitalisme. Plus encore, la partie économique du programme nazi ne peut se traduire qu’en termes de protectionnisme et de collectivisation : ce « nationalisme économique », selon les termes de B. Malbranque, suit en cela une longue tradition intellectuelle qui prend sa source dans les écrits d’un philosophe autant célébré par les socialistes que par les nationaux socialistes, à savoir Fichte.

    B. Malbranque ajoute que loin d’être une originalité du nazisme, l’antisémitisme trouve des prédécesseurs dans la littérature socialiste du XIXe siècle.

    Marx lui-même, dans sa Question juive (1843), pose les jalons d’une forme particulière d’antisémitisme économique qui pour certains historiens serait à la source de celui d’Hitler. Non seulement le juif est ramené au capitaliste, mais ce n’est que tardivement dans l’histoire du parti nazi qu’il est aussi associé au bolchévisme.

    Considérations actuelles

    Benoit Malbranque, après avoir passé en revue les objections les plus courantes des historiens sur la thèse du socialisme intrinsèque du nazisme, observe que c’est cet aspect qui a attiré la population allemande à lui.

    Après le marasme économique créé par la crise de 1931, les politiques de relance sont perçues comme des avancées sociales par une grande partie des citoyens.

    Plus encore, l’élément de religiosité n’est pas absent du nazisme, qui se propose de règlementer les moindres détails de la vie humaine dans l’Allemagne d’alors. La conclusion tombe comme un avertissement, le socialisme d’hier est tout aussi oppressif que celui d’aujourd’hui, et seule la philosophie libérale peut nous mettre en garde contre les débordements totalitaires de l’étatisme.

    La religion civile instituée par le nazisme n’est pas étrangère aux autres formes d’Etats collectivistes, et peu se réveiller à chaque instant pour reconstruire ce que Hayek appelait « la route de la servitude ».

    Si nous invitons nos lecteurs à lire cet essai très informé, il nous faut tout de même exprimer quelques réserves.

    La première concerne les définitions respectives du socialisme et du nationalisme proprement allemand. Dans sa volonté démonstratrice, M. Malbranque quitte parfois les exigences d’impartialité liées au travail d’historien pour défendre avec fougue des idées qui s’embarrassent peu des nuances entre les différentes formes de socialismes et de nationalismes. Cela se ressent dans ses difficultés à saisir la spécificité du socialisme, ramenée parfois à tout ce qui s’oppose au libéralisme sans distinction.

    Ce procédé lui fait ignorer la spécificité du nationalisme allemand hérité du mouvement dit« volkisch ». Ce courant de droite, étudié sous le nom de « révolution conservatrice » par l’historien Louis Dupeux, a joué un rôle essentiel dans la constitution idéologique du nazisme.

    Le racialisme tout comme l’anticapitalisme qu’on retrouve communément dans les différentes organisations nationalistes du début du 20e siècle -nazisme compris- trouve sa source d’inspiration dans le courant politique romantique allemand.

    Rien n’est dit non plus de l’héritage étatiste bismarckien et prussien de l’hitlérismequi là non plus, n’a pas grand-chose à voir avec la social-démocratie officielle ou avec le marxisme.

    Ceci ne doit toutefois pas masquer l’apport essentiel de B. Malbranque, à savoir offrir une description en français de la promotion et de l’institution d’un Etat providence nazi qui nous est plus familier qu’on ne le croit.

    Frédéric Mas

    « Le pactole des associations fonctionnaristes Elus de France, trop de hauts fonctionnaires pas assez d'hommes de terrain. »
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