Après la calamiteuse gestion de l’affaire Florange par le premier ministre, on s’apprête à vivre une désastreuse affaire Gérard Depardieu !
Dès qu’il avait appris le départ de Gérard Depardieu pour la Belgique – probablement pour raison fiscale – le premier ministre avait eu l’imprudence de déclarer : »
« Je trouve ça assez minable de se mettre juste de l’autre côté de la frontière. Tout ça pour ne pas payer d’impôts ».
Il me semble que le premier ministre aurait été bien inspiré de bien réfléchir avant de se lancer dans cette attaque contre une personnalité qui, pour les Français, est bien plus qu’un simple acteur. Peut-être aurait-il dû prendre conseil auprès du « conseiller fiscal » de François Hollande, un certain … Yannick Noah !
Outre qu’il est un immense acteur, Gérard Depardieu est devenu, au fil de sa longue carrière, emblématique de la France. C’est avec son personnage d’Obélix qu’il a atteint, non pas le sommet de son art, évidemment, mais l’apogée de la construction de cet archétype du Français qu’il représente.
Gérard Depardieu est un monument du cinéma français. Sa filmographie est édifiante. 170 films et 2 César ! Citons par exemple : Le viager, la scoumoune, au rendez-vous de la mort joyeuse, l’affaire Dominici, deux hommes dans la ville, les gaspards, les valseuses, Vincent, François, Paul et les autres, Stavisky, Je t’aime, moi non plus, sept morts sur ordonnance, Barocco, la nuit tous les chats sont gris, dis-lui que je l’aime, le sucre, le dernier métro, etc … etc … Excusez du peu !
Non, monsieur le premier ministre, on ne s’attaque pas impunément à un tel monument ! Qui plus est en le traitant de minable. Cela n’est pas digne d’un premier ministre.
Car Gérard Depardieu est tout sauf un minable !
D’ailleurs, il s’est chargé lui-même de vous répondre en vous retournant le compliment, car c’est à vous qu’il a souhaité répondre par écrit à vos basses attaques, par une lettre ouverte parue dans le Journal du Dimanche et résumée ci-dessous :
Minable, vous avez dit « minable »? Comme c’est minable.
Je suis né en 1948, j’ai commencé à travailler à l’âge de 14 ans comme imprimeur, comme manutentionnaire puis comme artiste dramatique. J’ai toujours payé mes taxes et impôts quel qu’en soit le taux sous tous les gouvernements en place.
À aucun moment, je n’ai failli à mes devoirs. Les films historiques auxquels j’ai participé témoignent de mon amour de la France et de son histoire.
Des personnages plus illustres que moi ont été expatriés ou ont quitté notre pays.
Je n’ai malheureusement plus rien à faire ici, mais je continuerai à aimer les Français et ce public avec lequel j’ai partagé tant d’émotions! Je pars parce que vous considérez que le succès, la création, le talent, en fait, la différence, doivent être sanctionnés.
Je ne demande pas à être approuvé, je pourrais au moins être respecté.
Tous ceux qui ont quitté la France n’ont pas été injuriés comme je le suis.
Je n’ai pas à justifier les raisons de mon choix, qui sont nombreuses et intimes.
Je pars, après avoir payé, en 2012, 85% d’impôt sur mes revenus. Mais je conserve l’esprit de cette France qui était belle et qui, j’espère, le restera.
Je vous rends mon passeport et ma Sécurité sociale, dont je ne me suis jamais servi. Nous n’avons plus la même patrie, je suis un vrai Européen, un citoyen du monde, comme mon père me l’a toujours inculqué.
Je trouve minable l’acharnement de la justice contre mon fils Guillaume jugé par des juges qui l’ont condamné tout gosse à trois ans de prison ferme pour 2 grammes d’héroïne, quand tant d’autres échappaient à la prison pour des faits autrement plus graves.
Je ne jette pas la pierre à tous ceux qui ont du cholestérol, de l’hypertension, du diabète ou trop d’alcool ou ceux qui s’endorment sur leur scooter : je suis un des leurs, comme vos chers médias aiment tant à le répéter.
Je n’ai jamais tué personne, je ne pense pas avoir démérité, j’ai payé 145 millions d’euros d’impôts en quarante-cinq ans, je fais travailler 80 personnes dans des entreprises qui ont été créées pour eux et qui sont gérées par eux.
Je ne suis ni à plaindre ni à vanter, mais je refuse le mot « minable ».
Qui êtes-vous pour me juger ainsi, je vous le demande monsieur Ayrault, Premier ministre de monsieur Hollande, je vous le demande, qui êtes-vous ? Malgré mes excès, mon appétit et mon amour de la vie, je suis un être libre, Monsieur, et je vais rester poli.
Gérard Depardieu
On imagine que la dernière phrase a été adoucie pour ne pas choquer. Je n’aurai pas la même pudeur en la traduisant :
Je suis un être libre, Monsieur, et je vous emmerde !
La publication de cette lettre a mis en fureur le gouvernement qui craint un nouvel épisode du « Ayrault-bashing » ! Certains sont montés au créneau :
- Michel Sapin : »C’est une sorte de déchéance personnelle que je trouve dommageable« ,
- Aurélie Filippetti : « s’est déclarée scandalisée ! »
- Alain Vidalies, ministre des relations avec le parlement : a jugé « choquants » les propos de Depardieu. »Ce qui est à craindre avec cette déclaration-là, c’est que ce qu’il aimait dans la France, c’était le bouclier fiscal« , a-t-il poursuivi sur Radio J.
- Harlem Désir, condamné à 18 mois de prison avec sursis pour emploi fictif, se sent néanmoins tout à fait à l’aise pour déclaré « qu’on ne choisit pas son passeport en fonction de sa feuille d’impôt !«
Je n’ai pas mandat pour défendre Gérard Depardieu mais s’il se confirme qu’il a bien renvoyé son passeport et qu’il souhaite devenir citoyen belge, je ne vois pas ce qu’on peut lui reprocher.
Le choc fiscal qui s’annonce confine à la spoliation et à ce que j’ai compris, en Europe, il y a la libre circulation des marchandises et des hommes. On nous répète assez que les Roms sont dans leur droit absolu quand ils viennent s’installer chez nous, uniquement parce que les conditions sociales y sont bien meilleures qu’en Roumanie.
Mais voilà, monsieur Depardieu et riche, et comble du mauvais goût, il a soutenu Nicolas Sarkozy ! Alors honte à lui et la gauche n’aura pas de mots assez durs contre lui ! Peut-être même que Yannick Noah joindra ses protestations véhémentes aux leurs …
Mais les socialistes hurlent et Gérard Depardieu passe … et s’en va …